Un cimetière arabe
Un cimetière arabe
Là-bas, contre ma terre,
En face du ciel blanc,
Juxtaposé comme un nid d'aigle
Au sommet de la ville, un cimetière
S'enveloppant
Dans un manteau de seigle.
D'un bleu phosphoresent la tombe où je m'appuie;
Une main de Fatmah avec des ongles d'or;
Un trou pour les oiseaux et des gouttes de pluie
Pour que le mort
Etendu sur la pierre
Puisse toucher encor
Aux racines du ciel et coudre à sa prière
Un rameau d'amandier.
Car les arbres, ici, ont l'air de supplier.
La terre sous mes pas rend un son plus divin;
Chaque tombe est un nid que le printemps flagelle,
Et, quand l'oubli chemine aux pentes des ravins,
Venant brouter les tombes,
Les amandiers laissent traîner leurs ailes,
Et ces fleurs qui retombent
Chantent comme un verset, faisant du cimetière
Une immense oasis où coulent des prières.
Les verset du Soleil, 1921.
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