Jeanne Dortzal

Jeanne Dortzal

Un cimetière arabe

Un cimetière arabe

 

          Là-bas, contre ma terre,

          En face du ciel blanc,

    Juxtaposé comme un nid d'aigle

Au sommet de la ville, un cimetière

              S'enveloppant

      Dans un manteau de seigle.

D'un bleu phosphoresent la tombe où je m'appuie;

Une main de Fatmah avec des ongles d'or;

Un trou pour les oiseaux et des gouttes de pluie

            Pour que le mort

          Etendu sur la pierre

          Puisse toucher encor

Aux racines du ciel et coudre à sa prière

          Un rameau d'amandier.

 

Car les arbres, ici, ont l'air de supplier.

La terre sous mes pas rend un son plus divin;

Chaque tombe est un nid que le printemps flagelle,

Et, quand l'oubli chemine aux pentes des ravins,

           Venant brouter les tombes,

Les amandiers laissent traîner leurs ailes,

           Et ces fleurs qui retombent

Chantent comme un verset, faisant du cimetière

Une immense oasis où coulent des prières.

 

Les verset du Soleil, 1921.



10/10/2012
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